I – Folioles de Paris suivi de Notre intimité

Publié en 1975 aux Editions St Germain des Prés ( Paris ) collection « miroir oblique ». Ouvrage épuisé.

Dédicace du recueil à :

« Anne Engélibert,
La Confidente,
L’amie des heures grises ou bleues. 
»
Automne 1973

FOLIOLES


Épigraphe de Supervielle : «…Si à l’écart du soleil de Paris et de sa lune
Que le réverbère ne sait plus s’il faut qu’il s’éteigne ou s’allume
 »
(« 47 Boulevard Lannes »)

FEUILLE DE PARIS

À Paris
Quand on est feuille d’arbre
Il faut mourir comme ailleurs
En automne

On attend son vent
Il vient nous prendre

Peut-être un jour
La chute sera-t-elle trop
Silencieuse
Le bal doré des rues
Finira
Pour avoir été calme
Inéluctablement

 

***

 

LES PAS

Je suis heureux :
Nul ne pourra compter mes pas
Sur le boulevard Saint-Germain

Rien ce jour-là
Rien ni personne
Ne m’appelait
Le temps ne comptait pas

Je crus entendre
Un cœur lointain
Battre ou marcher
Si j’avais su

Si j’avais su
Que ton seul pas
Aimait le mien

Et je suis triste
De n’avoir pu compter tes pas
Ton cœur battant contre ma main.


NOTRE INTIMITÉ

Épigraphe de Paul Éluard : « … Je vois la ville de ton rêve / Que tu seras seule à peupler / Du tourbillon de ta beauté… »

VENDANGES NUPTIALES

La demeure aux Pâques frileuses
A fantômes en l’escalier
Et dehors sous les espaliers
S’est endormie la Vendangeuse

Caressez, vents, son corps violet
Sa lèvre où la rosée givrante
Cueille encor l’étoile innocente
Jusqu’au retour du soir d’été

L’ampélopsis apparenté
Aux cortèges de Fête-Dieu
Ô chair violine, ô tendres yeux
N’a souvenir de pluies tombées

Au perron la marche de mousse
S’est usée des mille passages
De lutins en pèlerinage
Hors les contrées de lune rousse

On voit souvent dans la remise
S’agiter les jeux d’autrefois
Aux volières chants, cris et voix
Passent en octave de bise

Prenez garde par les allées
La Septembrine de mon âme
Est cet apparent corps de femme
Veillez à ne pas l’éveiller

Elle doit rêver à l’ivresse
Des crépuscules nostalgiques
Son sein d’argile nu magique
Est grappe où mûrit sa tendresse

Ce soir de retrouvailles automnales
Quand j’ouvrirai la grille à deux battants
De treille lourde elle viendra serrant
Mes bras fleuris de roses vespérales