V – Escales d’encre suivi de Chemins-Parchemins

Deuxième recueil publié en auto-édition. 1994. ISBN 2-9506745-1-8
4 dessins à la plume de Maurice Lacore, « L’Ébéniste », père du poète.

 

 

Escales d’encre a reçu en 1986 le prix Rollinat. La préface retenue pour le recueil présente de larges extraits du discours prononcé le jour de la remise du prix par le président du jury, Pierre ESPIL.
« (…) Témoin fraternel dont le « Je » est davantage « les autres » que lui-même, François Lacore participe intensément à tout ce qui est vivant, que ce soit des êtres, des arbres, des oiseaux. Eperdument, il se veut un peu de l’immense palpitation de la vie. »

Dédicace du recueil :
« à ceux qui, m’offrant une plume, firent que mon chemin devînt parchemin… »

 

ESCALES D’ENCRE

« L’aubépine en fleurs fut mon premier alphabet »
Épigraphe de René Char

 

Lave la pluie
Le cœur souillé
Puis que mouillé
Le vent l’essuie

Fleurisse un jour
Nouveau sur terre
Où chien qui erre
Ait son séjour

Aux étendues
De la raison
Qu’il soit maison
D’âmes perdues

Le troubadour
Y vienne encor
Jeter son or
Et dire amour

 

***

 

EURYDICE

Sur la marche de pierre
Au bas de l’escalier
La petite écolière
A posé son soulier

La vipère est venue
Marquer le sceau d’oubli
Sur la jambe menue
Et la fille a pâli…

Graver le noir poinçon
Vipère est ton office
Et tu viens sans façon
Nous ravir Eurydice !

Sur la marche de pierre
Au bas de l’escalier
Une branche de lierre
Et le petit soulier…

 

***

 

J’étais seul au jardin d’Octobre finissant
Un rayon d’or venait fleurir sur la chapelle
Ô les derniers beaux jours…
Et cueillant là les pommes d’Hespérides
J’étais heureux
J’étais heureux buvant le vent.

 

CHEMINS-PARCHEMINS

 

Le recueil s’ouvre sur un dessin à la plume représentant une « traîne » berrichonne, évoquant le chemin d’écriture. Il regroupe des poèmes à forme fixe (sonnets, rondels) et des textes de facture néo-classique.

MANSARDE

J’habitais près du ciel un balcon de misère
Et seul n’étais pas seul en mon lit trop étroit
Seul, penché sur mon livre, entendant une voix
Qui me disait : « Voici la nuit, prends ta lumière! »

Or, je quittais mon livre et je quittais la terre
Et je ne dormais plus tant j’avais à rêver
Et je ne rêvais plus tant j’aimais voyager
Je devenais le vent que rien ne désespère

A la lampe du soir, oh! Laissez-moi rêver
Mes yeux oublient le livre, ils connaissent l’histoire
Et présagent la suite et refusent d’y croire
J’habitais près du ciel et j’ai dû m’en aller.

-1973