VII – Des châteaux de Mémoire suivi de Sous divers numéros d’opus

Recueil publié en auto-édition en 2005. ISBN 2-9506745-3-4
Illustré de peintures de Maurice Lacore

En vente chez l’auteur (12 € franco de port)

Dédicace du recueil :
« À celle qui dans ma vie joue le rôle de l’Archange. »

« Si quid mea carmina possunt,
Nulla dies umquam memori vos eximet aevo.
»
Épigraphe de Virgile pour l’ensemble de ce recueil
« Si mes chants ont quelque pouvoir
Aucun jour jamais ne vous soustraira
de la mémoire des âges…
» ( Enéide, chant IX)

 

DES CHÂTEAUX DE MÉMOIRE

 

Vous avez été formidables,
Nous en garderons souvenir,
Dût le ciel soudain s’assombrir
En des lendemains détestables.

Vos mots seront ineffaçables
Et nous aideront à tenir.
Vous avez été formidables,
Nous en garderons souvenir.

Le pain fut si tendre à vos tables
Où la nuit savait resplendir ;
L’amour vous allait à ravir
Qui nous rendit si redevables.
Vous avez été formidables.

***

Ô vous qui êtes morts avant la Mort
Vous que, désemparé, notre cœur cherche encor,

Ô vous qui aviez tant compté dans notre vie,
Dont l’ombre même, hélas ! nous fut ravie,

Ô vous des derniers trains s’effaçant dans le soir,
Vous les chers compagnons du rire et de l’espoir…

À la bise des jours, vous les lampes éteintes,
Vous les premiers velours des premières étreintes…

Vous le parfum de l’espérance
La trace d’un été, le rappel de la danse…

*

Et quand nous partirons seuls de l’autre côté
Ce sera tout brûlants de vous y retrouver…

SOUS DIVERS NUMÉROS D’OPUS

Cette partie du recueil est composée de quatre volets :

– I . Fragments d’un opéra de jeunesse

En la forêt de Beauregard

Un arbre tombe en la forêt de Beauregard
Dans l’âtre en hiver ce sera
– Tant le temps peut-être sépare –
Ce printemps-là qui brûlera

Un arbre plie en la forêt de Cheverny
Ou peut-être un ami
Que tu laissas croyant demain
Pouvoir serrer sa main…

Un arbre crie dans le fond du jardin
Ou peut-être ton âme
Dans le fond d’un chagrin
Qui se fend ou s’enflamme

– II. Concerto bordelais

Cerbère gémit en enfer

Et si le lourd portail est clos,
Tel pont-levis fier sur ses gonds,
Oh, n’essaie pas d’apitoyer le garde
Plus implacable que Charon
Il planterait, dit-on, sa hallebarde…

En attendant que Minuit sonne
File plutôt
Avant qu’il ne t’atteigne
Écrire au Café Guernica
Ou bien lire au Café Montaigne
Puisque dans le brouillard Bordeaux frissonne

Ton lycée est-il un enfer
Qu’il faille placer un Cerbère
Pour empêcher Orphée d’entrer ?

Mais le dragon veille en tout cas…

***

32 Rue Vital-Carles

Qu’il y ait toujours dans le froid du temps
Des soirs de Lundi, des rues Vital-Carles
Ouvrant une table au jeune étudiant

Des soirs de Lundi sans cérémonie
Des souffles posés au rythme des jours
Où l’on est heureux que les cœurs se parlent

Qu’il y ait toujours de l’humanité
Que le pas des Huns ne puisse fouler
Qui soit à l’abri d’intrigue de cour

Et tant pis s’il faut un peu faire effort
Abréger la fête et courir encor
Car la porte ferme après vingt-deux heures…

 

– III. La Jeune Fille et la Mort

Tu deviendras le vent J’ouvrirai ma fenêtre
Et ton âme l’oiseau qui mange dans ma main
Tu seras la musique et je te chanterai
Présente au fond de moi comme le sang qui court
Tu seras le jardin aligné de troènes
Tu seras l’herbe folle au pavé de la cour
Tu deviendras le soir au bout de mon chemin
Tu deviendras la neige où je t’aurai posée

Tu resteras ma vie et j’aurai moins de peine

– IV. Élégie pour violon seul

La chanterelle dans le soir
Criait-elle son désespoir
Ou si c’était pour nous redire
À l’heure où le jour se retire
Au-delà des contrées humaines
D’apprendre à faire de nos peines
L’occasion de chanter encor
Et d’ainsi repousser la mort

flacore